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u n   c i n é m a   p o u r   l e s   o r e i l l e s
 

 

Le concert haut-parlant

Depuis les débuts de la musique concrète, la question de la diffusion des œuvres en public s'est heurtée à une double question : quoi et comment ?
Au début des années 50, celle du quoi était assez vite résolue, le support stéréophonique n'en étant encore qu'au stade du prototype. Un peu par effet de conséquence, celle du comment ne pouvait espérer faire sonner une composition devant un auditoire qu'en la démultipliant in situ. Ça aurait pu se faire, même avec les moyens de l'époque, d'une manière automatique mais il était plus facile, et plus spectaculaire, de le faire humainement, en présentant ainsi pour les spectateurs une production hybride mi-fixée mi-jouée, qui atténuait quelque peu la rupture apportée par les sons et l'approche de leur création.

Cette formule du concert s'est rapidement imposée, car elle inscrivait ces nouvelles œuvres dans le cadre normalisé de la représentation musicale, en même temps qu'elle permettait de justifier la présence d'un officiant humain, dont l'action un peu mystérieuse rendait possible l'adaptation de formats de réalisation qui, pour des raisons techniques qui ont perduré durant deux ou trois décénies, pouvaient difficilement assumer la complexité nécessaire à un spectacle sonore digne de ce nom. Avec un peu d'astuce et de talent, on pouvait transformer une "musique de chambre" en "musique d'orchestre" (au moins en première apparence...) et éviter la frustration qui pouvait être ressentie en plaçant des auditeurs devant une scène où il ne se passe rien.
On pourrait d'ailleurs s'interroger rétrospectivement sur ce choix de situer les auditeurs devant une scène, plutôt que, par exemple, les disposer à l'intérieur d'un volume dans l'obscurité, qui aurait peut être mieux assumé l'identité acousmatique de ces sons, et incité à se préoccuper d'avantage de la question de leur spatialité plutôt que de celle de leur spatialisation...

En tout cas, lorsque dans les années 80 les techniques et les supports multipistes se sont démocratisés, lorsque dans les années 90 le numérique a permis de s'affranchir de certaines contraintes de production et de diffusion, il est devenu possible de faire évoluer le quoi et le comment vers des formules alternatives, où les œuvres réalisées en grandeur nature d'une manière définitive dans le studio, fixées sur un support comme l'est le film du cinéma sur sa pellicule, pouvaient faire directement l'objet d'un grand spectacle sonore qui soit entièrement dédié à l'audition.

 

Un cinéma pour les oreilles

Il y a près d'un siècle, avec l'avènement du "sonore", la séance de projection dans les salles de cinéma a défini le cadre et les règles d'un nouveau type de spectacle, qui depuis lors se déroule sans le besoin de participation active d'êtres humains. Bien que se situant dans un espace collectif, le nombre ou même la présence du public ne modifie en rien la qualité de ce qui pourra être projeté autant de fois qu'on le voudra, d'une manière toujours identique à elle-même.
Sans revenir sur le pourquoi on va ou on ne va pas au cinéma aujourd'hui, le succès remarquable et l'existence durable de la formule de la séance cinématographique ont montré que la simple lecture d'un média fixé était capable de procurer aux spectateurs une quantité et une qualité de sensations et d'émotions qui, tout en étant différentes, n'étaient pas moindres que celles d'un spectacle dit vivant.
Certaines personnes disent que cette formule fonctionne pour le cinéma parce que celui-ci est visuel et narratif. Le son seul aurait quant à lui besoin d'une intentionnalité humaine supplémentaire qui lui procure l'étincelle de vie qui sinon lui manquerait, qui puisse réagir à la présence collective du public afin d'insuffler aux sons une part de sensibilité qui leur ferait défaut...
Si mon expérience de ces trente-cinq dernières années m'a toujours démontré le contraire, c'est peut-être parce que, effectivement, il ne suffit pas de diffuser les œuvres, même de partout. Pour que le comment marche il faut que le quoi dispose en lui-même de tous les atouts possibles pour toucher l'auditoire. Même au cinéma, où la vision semble prépondérante, on reconnaît l'importance du relief et de l'immersion sonore. Pour que cela marche il faut débrider le pouvoir du son, l'étendre dans des zones mentales normalement occupées par les autres sens. Pour que le son acousmatique puisse lui aussi assurer un grand spectacle à ouïr qui satisfasse pleinement l'auditeur, il se doit d'être total, il faut qu'il assume l'entièreté de cette perception dès sa conception et sa réalisation : l'astuce qui consistait à donner à la "musique de chambre" une apparence de "musique d'orchestre" ne suffit plus dans ce cas.
 

Des formats

Une des difficultés que pose la composition acousmatique pour les espaces publiques conventionnels réside dans la diversité et la plasticité des espaces haut-parlants possibles (mais c'est aussi ça qui est intéressant !). Celle-ci s'ajoute à la diversité des techniques et des conceptions de l'espace sonore, qui rendent son application beaucoup plus complexe que celle de l'image du cinéma (et qui ne dispose pas des mêmes moyens !).
Pour pouvoir assurer la portabilité et la diffusion de pièces d'origines différentes, dans des lieux et avec des équipements différents, un certain niveau de normalisation des formats à travers une simplification de cette diversité est nécessaire (voir l'espace concret).

Une partie de mon travail et de mes recherches depuis la fin des années 80 a été consacrée à ces questions, s'appuyant sur et alimentant la réalisation d'œuvres et l'évolution de mes moyens de production, notamment celle de mon atelier haut-parlant (aujourd'hui l'Acousmonef).
Trois grands modèles se partagent aujourd'hui, très inégalement, l'espace des diffusions. Chacun posséde des qualités qui s'accordent mieux à certains types d'écriture et d'expression, et, une fois ce choix opéré, il est aujourd'hui facile d'appliquer les adaptations nécessaires pour faire correspondre les format des œuvres aux configurations matérielles particulières que l'on peut rencontrer (voir les exemples sur la page télécharger).


Les systèmes périphoniques sont de loin les plus représentés aujourd'hui sur la planète. Ils sont organisés de manière à entourer plus ou moins complètement le public, vers qui ils projettent l'image d'un espace tri-dimensionnel. Ce sont eux auxquels on fait généralement référence aujourd'hui lorsqu'on parle d'immersion, et  ils sont principalement représentés ici par les formats Cinéma et le Dôme.


Les dispositifs holophoniques et volumétriques, grâce à la répartition de points haut-parlants à l'intérieur de l'espace de diffusion (ou à leur virtualisation partielle), permettent quant à eux de produire les sons vraiment dans les trois dimensions, d'être avec les sons plutôt que seulement au milieu d'eux. Les systèmes de diffusion basés sur ce principe comme 4DSound et l'Acousmonef sont hélas encore très peu répandus aujourd'hui...

Le modèle de l'acousmonium, surtout lorsqu'il dispose d'un étagement significatif des plans de distance, peut bien-sûr faire l'objet de compositions originales, mais l'absence de concertation et un support des techniques multicanales souvent très partiel rendent toujours son utilisation assez aléatoire.

Toutes les pièces qui sont présentées sur cette page sont intégralement sonofixées et ne nécessitent aucune transformation de type spatialisation ou interprétation durant leur lecture. Courts, moyens ou long métrages, elles sont faites pour être entendues directement, comme elles ont été réalisées ou dans une adaptation qui en respecte la matière comme le sens.
Leur format de composition est indiqué par le pictogramme correspondant, accompagné du nombre de canaux de la version originale (en espace nodal quantifié).
Certaines pièces sont disponibles en téléchargement dans leur format original ou dans un format pré-adapté. Contactez-moi...

Pour compléter certaines présentations, des enregistrements réalisés en binaural dans l'Acousmonef sont disponibles sur la page écouter.

    

 

C O Q U I L L E S   &   B U L L E S
Une collection de pièces synthétiques et (plus ou moins) sphériques, fragiles ou envahissantes, délicates ou brutales, cassantes, craquantes, coupantes, crépitantes, explosantes, mais aussi hésitantes, fuyantes, caressantes, des matières premières, immédiates, essentielles.

       

Depuis la fin des années 80, je m'étais éloigné des synthétiseurs, et, comme la plupart de mes amis, j'avais hélas revendu ceux que je possédais pour me procurer d'autres équipements (il faut bien reconnaître que les années 90 n'étaient pas particulièrement excitantes dans ce domaine...).
Mais récemment, parmi le flot d'instruments et de logiciels guidés le plus souvent par la nostalgie, certains ont su poursuivre l'aventure. C'est le cas notamment du MatrixBrute d'Arturia et du Cosmosf SaturnS de Sonic-Lab, d'un côté une machine monophonique qui reprend et étend les grands principes de la synthèse analogique, et de l'autre un logiciel inspiré des recherches de Xenakis sur la synthèse granulaire stochastique. Ce duo a été rejoint par d'autres instruments, y compris des acousmodules que j'ai conçus spécialement pour la synthèse spatiale, avec lesquels je me suis plu à modeler, tisser, graver, fracturer et concasser la matière !

Cela a donné naissance à un ensemble de courtes pièces à l'écriture souvent dépouillée, aux gestes élémentaires, aux couleurs crues, basées sur une dualité un peu simpliste mais aux variations infinies : d'un côté une coquille membranaire à la fois rigide et élastique, envelopante et perçante, parcourue de vibrations électriques, et de l'autre une bulle perceptive au centre de laquelle prend idéalement place l'auditeur-noyau et qu'il partage avec tout un flottement de fantômes ;-)

 

54 canaux / HOA10

durée variable

2018

 

 

L E S  P A R A D O X E S  D ' U N E  S P H È R E  T R O N Q U É E

Une manière simple de se représenter l'espace sonore est de le considérer à travers le point de vue singulier d'un auditeur placé au centre d'un paysage, et d'en partager la sphère perceptive, la tête dans une bulle transparente aux limites incertaines.
Prenons alors cette sphère : tentons de reconstituer le point vers lequel tout semblait converger au moyen d'un réseau de projecteurs placés sur sa périphérie, et, pour des raisons pratiques, n'en conservons que la moitié supérieure. Cette demie coquille, cette surface bombée ouverte sur le vide, forme alors un espace haut-parlant paradoxal aux propriétés remarquables car, heureusement, la sphère tronquée est aussi un dôme truqué !

Son premier paradoxe est que là où se placent les auditeurs est également l'endroit où l'on ne peut réellement situer aucun son, seulement y répandre leurs fantômes, en espérant que ceux-ci se croiseront de temps en temps d'une paire d'oreilles sur leur passage.
Son second paradoxe est qu'il faut s'élever pour aller au centre, et par conséquence, qu'on ne peut monter sans en même temps se rendre au milieu : les deux dimensions sont indissolublement liées.
Son troisième paradoxe est qu'il ne possède pas vraiment de surface... Entre les points plus ou moins espacés des nœuds qui constituent son maillage, les sons s'aggrippent, glissent, ou disparaissent ?
Enfin son quatrième paradoxe, qui ne lui est d'ailleurs pas propre, est celui de sa taille, de son étendue. Il ne s'agit pas seulement d'une question de proximité ou d'éloignement, d'une histoire de présence et de distance, de ce qui est ici et de ce qui est ailleurs, de ce qu'on imagine voir et de ce qu'on peut toucher... c'est toute l'histoire du son haut-parlant qui, à partir du moment où l'on ferme les yeux, génère de nouveaux espaces, irréductibles au dispositif technique et au lieu dans lequel il se trouve.

"Les paradoxes d'une sphère tronquée" est un puzzle jamais résolu, constellé d'images et d'objets animés. À la manière d'une larve de phrygane qui construit son fourreau à partir des débris de matières hétéroclites qui se trouvent autour d'elle, cet assemblage parcoure d'une manière fantasque une trentaine d'années de prises de sons et de techniques de captation microphonique (agrémentées de quelques emprunts prélevés ici et là...) qu'il découpe, juxtapose et imbrique sans vergogne tout autour des auditeurs.
C'est que la capture des sons-espaces et les multiples manières qu'ils ont de se révéler à nous au moyen des haut-parleurs constitue toujours pour moi une source infinie d'émerveillement, et trouve avec ces paradoxes un terrain de jeu fantastique.
Et puis, derrière les rencontres un peu baroques, à travers les coïncidences plus ou moins prévisibles, se dessine aussi peu à peu une histoire autour de ces fragments de vies disparues...
La pièce peut être adaptée à certains acousmoniums sous le titre Les paradoxes d'une sphère aplatie.

45 canaux

21'30

2016-19

 

 

 

L A   C A G E

Initialement inspiré par la série de gravures des "Carceri" de Piranèse, cinq mondes-tableaux sur l'envahissement.

1. Les Ombres
2. Les Ondes
3. Les Mots (d'après les archives Photosonor)
4. Les Notes
5. Les Autres (prises de son en Inde de Christine Thévenet)

Dedans, dehors.
Des colonnes d'enceintes autour des auditeurs comme une citadelle à clairvoies, des barreaux qui, le temps de la projection, les emprisonnent de leur étreinte sonore. Au delà, un ailleurs qu'on entrevoit, mais pas d'échappatoire pour autant.
Dedans, d'autres enceintes. Les sons habitent l'espace, ils en sont, eux aussi, les prisonniers, soumis à l'obsession qui les a réunis, contraints à collaborer, à s'associer, à construire à l'intérieur de ce périmètre.



59 canaux

47'

2012-18

 

  

H I S T O I R E S   F A N T A C O U S M A T I Q U E S

Quatre parties enchaînées :
L'horloger solitaire
Marmites de géants et cheminées de fées
Le Passage
Le train vers les étoiles

Les "sons-qui-racontent-quelque-chose", ceux que l'on a nommés à une certaine époque anecdotiques, ceux qui nous relient à un vécu sur lequel il semble facile de mettre des mots, ceux qui, presque immanquablement, font surgir des images visuelles arrachées à nos histoires personnelles, bref, quelques-uns de ces sons là constituent les personnages et les décors de ces "histoires".
Des histoires de sons, donc, pleines de mouvement et hautes en couleurs, sussurantes ou tonitruantes, un cinéma-pour-l'oreille pas vraiment narratif mais fortement sensitif (et en vraie 3D s'il-vous-plaît !), qui puise son fantastique dans quelques images du quotidien...
C'est aussi, bien modestement, mon hommage au Berlioz de la Symphonie fantastique et à la forme du poème-symphonique romantique, au principe quasi symétrique de celui de la musique concrète

38 canaux

40'20

2006-15
R ?

 

 

 

S S o S F A G T i a C a G w a P

Une vaste coupole remplie de sussurements, d'appels, de cris, de chants, où élytres, ailes et cordes vocales se mêlent et s'affrontent, s'éraillent en une cacophonie colorée et dévergondée.

SSoSFAGTiaCaGwaP est une sorte d'oratorio un peu sauvage, agité et bruyant, un triple hommage aux rythmiques vibratiles de Patrick Ascione, aux proliférations mélodiques d'Heitor Villa-Lobos, et aussi, bien-sûr, à ce qui se cache derrière l'acronyme de ce titre...



43 canaux

29'30

2015-16

 

 

C O R D E S   F R O T T É E S 

La rencontre colophanée et tumultueuse d'un violoncelle et d'une vielle-à-roue ; un très long coup d'archet tréssaillant, trémulant, caressant...
Mille remerciements aux doigts agiles et aux cordes effrontées de Séverine Ballon et de Laurence Bourdin.

Une nouvelle version, sous le même titre, a été réalisée et intégrée dans la série Préludes à l'espace.


32 canaux
18'25 / 13'20
2014


 

 

J E U X   D E   C O N S T R U C T I O N  
Constructions III

Après les tentatives d'assemblage des Constructions I et les empilements chaotiques des Corps sonnants, ce troisième volet de la série des Constructions fait référence aux heures innombrables que j'ai passées, étant enfant, à construire des... choses.
Que ce soit avec les tiges, plaques, vis et boulons du Meccano, avec les blocs de bois du Châlet Suisse, ou avec vraiment n'importe quoi, je n'ai jamais pu suivre des plans. Finalement, ce que j'aimais le plus, c'était tâtonner, c'était rechercher des agencements, des combinaisons qui, à partir d'une collection d'objets élémentaires plus ou moins hétéroclite, donnaient naissance à des objets nouveaux, pas totalement imprévus, mais au moins surprenants, et, pour les plus chanceux d'entre eux, un peu durables.
Ça n'a pas changé...
Jeux de construction est une collection de courts moments légers qui peuvent être regroupés en suites de durée variable. 



32 canaux
durée variable
2013-14


 

 

C I N Q   P O R T R A I T S   D E   M A R I E - L O U I S E

1. À la tienne !
2. C'est pas des cloches qu'on entend ? 
3. Ça j'aimais mes moutons
4. Comme des chiens 
5. Moi j'vais jamais mourir  

Le personnage de ma grand-mère, tout du moins une série d'enregistrements réalisés à la volée dans les années 70 à 90, se retrouve comme un fil rouge dans plusieurs de mes pièces (1990 La route buissonnière, 1993 Scènes de la réalité plus ou moins quotidienne, 1994 Feuillets d'album).
Elle est le sujet unique de ces nouveaux tableaux, dont certains sont d'ailleurs issus de ces pièces anciennes, construits avec ou autour de sa voix, de ses mots. 



32 canaux

23'

2011-2013

 

 

  

C I N Q   M I N I   M A N D A L A S

Composée très rapidement durant les évènements de Fukushima en mars 2011, d'une manière pour une fois totalement non préméditée à partir de quelques éléments vocaux trouvés accidentellement, c'est une de mes pièces à l'apparence la plus simple : des rosaces vocales doucement répétitives, aux détails capricieux, qui naissent, s'animent un moment puis s'évanouissent...


18 canaux
7'30 - 2011

 

 

 

L E S   C O R P S   S O N N A N T S
Constructions II

Lors des initiations à l'acousmatique, une première approche consiste souvent à explorer microphoniquement des corps sonores, des objets qui une fois frappés, frottés, secoués, tordus ou déchirés permettent d'obtenir des objets sonores plus ou moins "convenables", selon la terminologie Schaefferienne. Cela forme l'oreille et le geste tout en permettant d'entrer pas à pas dans l'univers des sons haut-parlants.
Mais composer avec ces objets calibrés, toujours un peu refermés sur eux-mêmes, peut être par contre assez frustrant !
Pour construire de la durée et de l'espace dans ces conditions, il faut enchaîner ces blocs élémentaires, les combiner comme les briques et les poutres d'un bâtiment qui seraient toutes différentes et dont on souhaiterait à la fois conserver la forme et l'aspect initial tout en faisant, bien-sûr, que l'ensemble tienne debout et soit fonctionnel, voir même habitable...
Cela donne ici une pièce assez méditative et un peu sauvage, qui se développe en empilements instables, à la fois chaotique et constamment à la recherche du repos. 



32 canaux

17'05

2010-11

 

 

 

L E S   S O N S   D ' É T E R N È B R E
"Nous sommes à jamais perdus dans le désert de l'éternèbre" (Man Ray / Robert Desnos, L'étoile de mer)
Trois pièces réalisées chacunes à partir d'une unique graine de son.

LA TOUR AUX ÉCLATS DE MIROIR : enregistrement initial effectué par un ami (Marc Laurençon) dans une usine de tissage d'éprouvettes en verre. La forme de la pièce découle directement de l'énergie contenue dans la courte prise de son : tension, étirement, éclats, rupture, fragilité et incision. (8'10)

AUX CRATÈRES DE LUNE : en 1860, Édouard-Léon-Scott de Martinville fixe sur une feuille de papier la première trace de la voix humaine (le chant du premier vers de Au clair de la lune). Un siècle et demi plus tard, des chercheurs transcrivent cette image en sons possibles. Lors de ma première écoute de cette recréation, l'image d'une minuscule graine de vie perdue dans une immensité déchiquetée de poussière et de débris s'est imposée. (8'04)

L'ÉCHAPPÉE : lors de la visite d'une usine de papier à Crest en 1996, un enregistrement impromptu effectué durant l'arrêt d'une machine et de l'expulsion de l'air qui y était comprimé. Un hommage très indirect au Pacific 231 d'Arthur Honegger... (7'05) 

Aux cratères de lune et L'échappée sont été retravaillées et intégrées dans la série Préludes à l'espace en 2023.

22 canaux

23'40

2010

 

 

 

T O U R N A G E S

Quinze mouvements : 1. Toccata, 2. Rondeau, 3. Allemande, 4. Courante, 5. Lamento, 6. Aria, 7. Fugue, 8. Ricercar, 9. Ritournelle, 10. Passacaille, 11. Sarabande, 12. Canon, 13. Intermède, 14. Bourrée, 15. Finale

Cette pièce à été composée exclusivement à partir des tournages sonores réalisés par des élèves de 5ème au Collège François Truffaut à L'Isle-d'Abeau (dans le cadre de l'action "acousmatique au collège" organisée par Le centre du son, enseignante Viviane Héritier).
L'idée était de faire découvrir l'acousmatique aux élèves en les impliquant en tant qu'acteurs sonores, en leur permettant de suivre pas à pas le "comment ça se pense", "comment ça se fait", "comment ça s'écoute", de suivre l'histoire de la construction de l'œuvre de l'élaboration du projet jusqu'à sa diffusion finale.
Ça a été également pour moi l'occasion d'expérimenter des techniques de capture multiphonique originales, puisque chacune des quatre séances de tournage sonore était basée sur une méthode, un lieu et un propos spatial particuliers :
- courses et appels en intérieur et en extérieur, petits groupes (quadriphonie) ;
- jeux vocaux et corporels collectifs dans la salle du concert (18 micros positionnés au futur emplacement des enceintes) ;
- jeux de corps sonores en prises individuelles (stéréo) ;
- voix et mots (mono).
Le choix de m'inspirer de la suite baroque pour la structure de la pièce et de ses éléments m'a permis de conjuguer le temps très court de la réalisation avec le déroulement rigide des interventions avec les élèves. Quant au dispositif, pour moi qui ne suis pas un adepte de la disposition en cercle (!), le disque s'imposait ici, et j'ai pu ainsi "faire tourner les sons" sans vergogne ;-)
Tout cela donne une pièce au caractère ludique, très "musicale" dans sa facture comme dans son esprit. 



VO 18 canaux en disque
45'

Petite Suite
32 canaux en cirque

2009

 

 

 

M U S I Q U E S   L É G È R E S

Des suites de piécettes colorées et acidulées, principalement destinées à l'écoute lors de séances à domicile ou dans de petits lieux avec l'acousmobile de chambre et de campagne, mais ayant montré qu'elles pouvaient aussi s'adapter à des circonstances variées et beaucoup plus vastes tout en conservant leur caractère intimiste : la magie de l'agrandissement sonore !

B I B E L O T S   A G R A N D I S
Sept pièces d'après l'installation Bibelots à observer de près.
Conçues pour un micro-acousmonium de moins d'un mètre cube, stylisées ou ouvragées, souvent chargées d'émotion et de souvenirs, des curiosités sans prétention.

M U S I Q U E S   D E   C H A M B R E S
10 pièces : 1. la chambre à air, 2. la chambre à étincelles (ou à bulles), 3. la chambre d'accusation, 4. la chambre de commerce et d'industrie, 5. la chambre d'amis, 6. la chambre funéraire, 7. la chambre des députés (ou Introuvable), 8. la chambre sourde, 9. la chambre de bonne, 10. la chambre froide.

E A U X - F O R T E S
D'après l'installation éponyme, gestes imprimés dans la matière des sons, traces fugitives ou fortement creusées, une collection de planches en relief : 1. Manière de crayon, 2. Taille douce, 3. Estampe, 4. Ratures, 5. Lavis, 6. Pointe sèche, 7. Aquatinte 



16 à 24 canaux

2007-2008

 

  

C I N Q   T E N T A T I V E S   D ' A S S E M B L A G E
Constructions I

1. Blocs et bribes - Essai d'emboîtements
2. Écailles et débris - Images sous le vent
3. Lignes et failles - Suspension
4. Traces et déchirures - Essai de liaisons
5. Amas et brisures - Vitraux dans le soleil   

Première pièce de la série des "Constructions", celle-ci explore cinq manières très différentes de construire un espace avec des petits morceaux de sons. Entre fragilité et pesanteur, finesse et solidité, hésitation et détermination...

22 canaux
27'
2005-06


 .

 

SCÈNES  DE  LA  RÉALITÉ  plus ou moins  QUOTIDIENNE
Vingt-cinq portraits, paysages et scènes de genre

"Scènes de la réalité plus ou moins quotidienne" a représenté un jalon important dans l'évolution de mon travail acousmatique. Après quelques tentatives d'exploration d'une certaine idée de "narration" sonore (comme avec les "Illuminations chronophagiques avant l'orage" en 1992), j'ai trouvé ici un mode de figuration qui me convenait, à la fois simple, sans trop d'artifices, et riche par les juxtapositions infinies de sens véhiculés par les images sonores.
C'est à ce jour la pièce la plus "anecdotique" que j'aie réalisé, qui pourrait presque être "radiophonique" si l'espace hexadécaphonique ne représentait pas un aspect aussi fondamental de son écriture et indispensable à son expression.

16 canaux 3D
48'
1993

 

 

L E   T E M P S   D E S   A M B I G U I T É S

1: Étude de ciels : étude à la Turner sur la mouvance et les couleurs, l’abstraction qui se dégage de l’observation active de la nature
2: "L'armoire de Protée" : emboîtements et métamorphoses d’images du quotidien, parfois jusqu'à saturation
3: Entre cristal et fumée : arrêt sur images sonores, équilibre instable, fragilité d'un paysage pointilliste
4: Le Sommeil : engourdissement et vigilance, étirement du temps, les images remplissent le silence...
(titres précédents : Mouvance - Relief - Couleurs, Vie - Espace - Images, Ma vie métamorphique)

Œuvre à la génèse tourmentée (techniques utilisées, titres, parties, versions...), elle a fini par trouver un relatif équilibre dans sa révision actuelle. Il existe peut-être encore quelques "divines longueurs", mais c'est aussi parce que c'est une œuvre qui est à la fois pointilliste et étirée, dense mais qui prend toutefois son temps... Le temps de jouer avec l'ambigü, d'attendre et de surprendre, de laisser ses images se combiner et se métamorphoser. 
C'est un grand voyage, plein de bruit et de mystère, un film qui ne raconte rien, sur un très grand écran et en relief...  

12 canaux

59'40

1991

 

 

 

Q U A T R E   É T U D E S   D ' E S P A C E

Quatre parties enchaînées :
1. Le Palais aux rochers de fenêtre
2. Lentement vers le Nord
3. De mains pâles aux cieux lassés
4. Multiplication des arcs

Ma première œuvre réellement multiphonique, bien que réalisée avec seulement deux enceintes comme écoute, a obtenu (dans une réduction stéréophonique) le Prix du jury lors de la première édition du Concours de composition acousmatique Noroit en 1989.
C'est la peinture d'Yves Tanguy qui m'a donné les clés de ces quatre premières Études (toutes les œuvres qui ont suivi peuvent être considérées aussi, au moins en partie, comme d'autres études d'espace).
              

8 canaux

14'50

1987-89

 

 

 

L A   C I C A T R I C E   D U   G E S T E

Neuf mouvements :
1. Déchirure bleue, 2. Les segments parallèles, 3. Éclats d'Espace, 4. Fusion-Effusion, 5. Fragments d'air et de pierre, 6. Suspension, 7. Les guirlandes sauvages, 8. Reflet, 9. Déchirure rouge

Lors des premières années de ma "carrière" acousmatique, la peinture m'a beaucoup aidé à définir mon attitude face au sonore, comme pour contrer mes premières habitudes et déformations issues de ma pratique de la composition instrumentale. Celà a donné La cicatrice du geste (Georges Mathieu, deux canaux), Gaïa Helia Selia (Bernard Pomey, quatre canaux), Quatre Études d'Espace (Yves Tanguy, huit canaux) et Illuminations chronophagiques après l'orage (Salvador Dali, douze canaux).
Ici, le modèle était autant, et peut-être même plus, dans la manière de peindre que dans les images produites : dans ses improvisations publiques, le geste des brosses et des pinceaux, l'énergie de la danse du peintre se gravait en énergie de matière sur la toile.
Des points, des lignes, des taches, selon neuf arrangements : ça c'est pour l'aspect formel.
Il n'en reste pas forcément grand chose à l'écoute. Parce qu'en faisant, le geste sonore a pris de l'importance, les déchirures de l'espace qu'il a engendrées ont gagné de l'autonomie et se sont imposées comme des petits monstres débordant d'énergie qui m'échappaient et que je tentais de domestiquer avec plus ou moins de bonheur...
Mise à l'écart durant de nombreuses années, la version originale qui avait été rêvée multiphonique a fait l'objet d'une première spatialisation en 2004 (16 canaux 2D), suivie d'une autre en 32 canaux cinéma en 2012. Une  version "finale" sur 80 canaux devrait être réalisée en 2024, pour les 40 ans de la pièce ;-)

(VO 2 canaux à spatialiser)

27'30

1984