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Dispositifs et dispositions

 

 On a vu que l'existence de la formule-concert en projection interprétée avait introduit une dissociation entre ce qui est composé (ce qui est fixé) et ce qui est donné à entendre à un public. Bien qu'il s'agisse, sur le plan des techniques de projection, d'un cas particulier, le fait que cette méthode soit de loin la plus représentée encore aujourd'hui a contribué à donner au dispositif et aux choix qui l'accompagnent un rôle conjoncturel, ne relevant la plupart du temps pas de la composition.

Une approche différente, mais qui en fait conduit au même statut non significatif des dispositifs de projection, résulte de l'adoption de techniques de projections simulées. Avec la Wave Field Synthesis par exemple, les lignes constituées de nombreux haut-parleurs permettent théoriquement la formation de masses spatiales en n'importe quel point situé à l'intérieur de l'espace circonscrit par ces lignes, sans rapport direct avec la position des enceintes elles mêmes.
Sans aller jusqu'à utiliser cette technique encore très lourde et imparfaite, un grand nombre de compositeurs partagent néanmoins cette conception et choisissent le plus souvent les dispositions les moins différenciées, centrées et équidistantes, visant à produire une "holophonie" plus ou moins efficace. Le cercle de huit haut-parleurs que l'on trouve dès que quelqu'un se lance dans la multiphonie en représente la version la plus simple.

 

Éloge de la diversité 

Malgré tout, pour un compositeur préoccupé par la création d'œuvres qui soient spatialement intéressantes, la manière la plus efficace pour obtenir des espaces composés complexes et auditivement maîtrisables nécessite de répartir un certain nombre de haut-parleurs dans le lieu d'écoute en fonction de son propos compositionnel spécifique.

En effet, en projection directe, il n'existe pas et ne peut exister de disposition "naturelle", qui permettrait de façonner toutes les masses spatiales imaginables et écoutables, si ce n'est un réseau tri-dimensionnel si dense qu'on ne pourrait y pénétrer.

La première raison en est la place du public.
Le défaut des dispositifs centrés à faible résolution comme le cercle ou le cube octophonique, et à la différence (théorique) de la WFS, est de ne pouvoir "remplir" l'intérieur que d'une manière très globale et floue, certainement adaptée à certains applications mais incapables de définir précisément des objets sonores dans cette zone. Pour cela, en projection directe, il n'y a d'autre solution que de placer des projecteurs dans cette zone, avec une limite évidente : il est impossible d'avoir un maillage complet car il faut aussi réserver de la place pour ceux qui écoutent... ce qui introduit forcément des trous, des zones où il n'existe pas de projecteurs.
D'autre part, le matériel utilisé le plus souvent est directif et notre écoute, bien qu'omnidirectionnelle, n'est pas égale dans toutes les directions. Sauf cas particuliers (au demeurant fort intéressants !) un
dispositif de projection ne peut donc être considéré du point de vue de l'auditeur comme un maillage indifférencié : il existe toujours des axes et des zones "privilégiées" selon sa position relative.

Tout ceci pourrait être considéré comme des critiques de la projection directe qui donneraient à la Wave Field Synthesis des allures de Saint Graal !
Ce n'est pas totalement faux, mais ce serait quand même oublier l'aspect créatif des contraintes. C'est un facteur de diversité, une incitation à imaginer des situations sonores originales (ceci n'est pas sans rappeler de l'histoire de la musique du XX° siècle...).

Donc, pour résumer, tout choix de nombre et de disposition de projecteurs sonores est totalement arbitraire, c'est à dire qu'il est entièrement lié au propos artistique, qu'on le fasse sciemment ou non.


Alors le
dispositif de projection n'est pas un contenant amorphe, il introduit des rapports particuliers avec l'auditeur, permet d'explorer des situations d'écoute originales. De la même façon que, d'œuvre en œuvre, on explore d'autres territoires sonores, d'autres durées, d'autres thèmatiques, le choix volontaire et assumé d'un dispositif de projection particulier peut contribuer à la cristallisation et à la singularisation de tous les aspects d'un projet.
Penser et composer une œuvre acousmatique pour les cinq enceintes et l'espace individuel d'un salon ou pour un étagement d'une vingtaine de projecteurs dans une grande salle pour un large public devrait conduire à penser et réaliser des œuvres différentes.
C'est comparable au choix de la taille et de la forme d'un tableau : il conditionne, ou plutôt s'accorde avec le projet global, le sujet, la technique utilisée et surtout l'espace de sa vision.

 

Complexité de la réalité 

Parallèlement à la diversité et à la richesse d'expressions permises par l'intégration artistique des dispositifs de projection, il existe aussi des constantes dues principalement à la formule de présentation choisie (concert, domestique, installation...), et aussi à la pression de contraintes matérielles (nombre de canaux de projection, dimensions du lieu...), à l'existence de standards plus ou moins bien définis (17.1...), ou simplement à des habitudes.

Ces constantes viennent en quelque sorte diriger ou équilibrer l'éventail des possibles pour faciliter ou même permettre la réalisation, la diffusion, l'échange des œuvres composées.

Il existe un cas où la pression de ces constantes est déterminant : c'est bien évidemment celui des dispositifs de projection domestiques. Il est impensable, en dehors de cas particuliers, de demander à la personne qui achète un DVD ou qui navigue sur Internet de changer l'emplacement de ses haut-parleurs pour qu'ils correspondent aux souhaits de l'auteur. Et d'ailleurs, il faudrait déjà qu'ils soient correctement placés !
Pour les différentes formes d'écoute domestique, l'existence de standards est primordiale, et, dans ce cas, le compositeur n'a pas d'autre alternative que de s'y conformer.

L'autre cas où des constantes peuvent être souhaitables, même si elles ne sont dictées par aucune nécessité matérielle, c'est celui des écoutes publiques de type séance ou concert, voir les Formats standards.

Heureusement, il reste toute l'étendue des installations, où là, par définition, le reproductibilité n'est pas un critère important. C'est même souvent la singularité qui prime, et le compositeur peut librement choisir ses contraintes pour le déploiement des dispositifs de projection et pour la place et le rôle du public.


Les installations réalisées pour un lieu particulier 

Tout est possible...

La possibilité de prendre en compte certaines particularités acoustiques du lieu et de les intégrer dans la composition dépend principalement de la formule de présentation choisie, du sens que l'on apporte à certains aspects de l'espace entendu et du degré de reproductibilité souhaité (voir la fixation).
Par définition,
les installations, qu'elles soient plastiques ou acousmatiques, entretiennent un rapport étroit avec le lieu où elles se situent.
Il existe néanmoins des degrés divers dans la manière dont l'espace de l'œuvre peut s'accorder avec celui dans lequel il est plongé. Il peut y avoir indépendance, complémentarité ou fusion.

Lorsqu'un projet est réalisé pour un lieu particulier, sans éventualité qu'il puisse être reproduit dans d'autres conditions, il est possible d'intégrer autant qu'on le souhaite les caractéristiques acoustiques de ce lieu, et de concevoir le dispositif de projection et l'écriture spatiale en fonction de ces particularités.
La réverbérance est l'aspect le plus important et aussi généralement le plus facile à traiter, à moins qu'il n'y ait des différences importantes d'un endroit à l'autre.
Plus complexes et intéressants sont les phénomènes de focalisation dus à des éléments courbes de l'architecture, voûtes, arches etc. qui peuvent être utilisés pour obtenir des "points de projection virtuels" ou créer des effets acoustiques marquants lors des déplacements des visiteurs.
Travailler la création d'une œuvre dans un tel lieu est quelque chose de passionnant, mais il est hélas rare de disposer de cette possibilité sur une durée suffisamment longue...

Le placement et l'orientations des enceintes obéit dans ce genre de cas à des considérations très différentes de celles qui président à l'élaboration d'un dispositif de projection pour des séances.

 

 

Les dispositifs de projection autonomes 

Tout est fixé...

Je ne connais pas d'autre exemple de ce cas de figure que celui de l'Acoustigloo du GMVL, mais il existe certainement de nombreuses installations basées sur ce principe.
Il consiste en un espace de projection transportable, qui peut donc s'installer pratiquement n'importe où tout en conservant ses caractéristiques acoustiques. L'idée même d'un
dispositif de projection est en quelque sorte étendue au lieu de projection lui même.

L'idéal est évidemment que les œuvres soient composées dans les mêmes conditions que celles de l'écoute finale (ce qui n'est pas tout à fait le cas avec l'Acoustigloo) de manière à ce que le compositeur puisse maîtriser toutes les subtilités de l'espace entendu.

L'acoustique du lieu d'écoute est ici totalement intégrée à l'espace intrinsèque et on peut même dire qu'il n'y a pas d'espace extrinsèque car tout ce qui est entendu peut être fixé.
Une
salle d'acousma pour et dans laquelle certaines œuvres seraient directement composées rentrerait également dans cette catégorie.

 

Le concert, les séances et les installations (reproductibles) 

Tout est prévu...

La reproductibilité des critères d'espace et de la composition sonore nécessite une maîtrise minimum des conditions d'écoute, c'est à dire de déterminer au moins :
- quelles sont les dimensions (taille) acceptables d'un lieu pour que le changement de distances relatives entre les projecteurs n'induise pas de distorsions préjudiciable (voir
Un problème de taille) ;
- quelle doit en être grossièrement l'acoustique : salle ou champ libre (intérieur ou extérieur), son degré de réverbérance (mate, un peu réverbérante, beaucoup réverbérante) ;
- et aussi quelles doivent être les catégories des haut-parleurs (voir
Les projecteurs).

Le jeu avec des particularités acoustiques du lieu ou dans le placement spécial des enceintes pour obtenir des réflexions est forcément limité dans ce cas. Les "effets de salle" sont logiquement réduits à des techniques simples, si elles ont bien sûr été prévues lors de la composition :
- orientation de certaines enceintes de manière à obtenir des réflexions sur les murs ou le plafond pour diffuser le signal projeté (perte de directionnalité et d'aigus) ;
- placement d'une enceinte en dehors du lieu de projection (ultra lointain, image d'espace projetée).

Ce qui n'est pas reproductible, ne peut pas être pris en compte lors de la composition et donc ne devrait a priori pas être utilisé lors de la projection publique :
- des jeux sur des coïncidenses de phases ;
- des jeux sur des colorations très spécifiques à certains haut-parleurs ;
- des jeux sur des différences d'acoustiques selon l'endroit ou des effets de focalisation.

 

 

 

 

Les projecteurs

 

Il ne s'agit pas ici de parler des aspects techniques concernant les haut-parleurs et les enceintes, mais plutôt des rapports qui peuvent exister entre les différentes catégories de projecteurs sonores et les dispositifs de projection.
Je rappelle que cette étude se fait par rapport au problème de la reproductibilité des œuvres dont l'espace est fixé.

 

Rappel des  caractéristiques

La bande passante et la courbe de réponse.
C'est l'aspect le plus facilement audible et celui qui détermine généralement en premier lieu le choix et l'utilisation de tel ou tel modèle.
En projection multiphonique directe, et en dehors de cas particuliers que peuvent représenter les installations, les enceintes large bande, capables de restituer correctement l'ensemble du spectre constituent l'essentiel voir la totalité des besoins.
Au delà des différences de sonorité d'un constructeur et d'un modèle à l'autre, l'équilibre relatif des graves et des aigus, lorsqu'il est important pour la restitution correcte de l'œuvre devrait être signalé dans le document accompagnant le support...

La directivité (pour les enceintes large bande).
C'est une caractéristique secondaire mais néanmoins importante pour les types de projection publiques où la zone d'écoute correcte doit souvent être assez étendue. Pouvoir jouer sur la directivité peut être également très utile avec certains
dispositifs de projection dont la résolution est assez mauvaise comme le "cube 8" par exemple, en permettant de "déponctualiser" les points de projection.
Pour les écoutes domestiques les différences sont assez fines. Certaines enceintes dédiées aux positions "surround" pour la pentaphonie domestique utilisent par exemple des techniques dipolaires ou bipolaires de manière à obtenir une projection peu directive. Les enceintes centrales, généralement horizontales ont également un cône de projection assez large, censé couvrir une zone d'écoute moins focalisée que les enceintes dédiées à la projection stéréophonique. Il existe également des haut-parleurs spéciaux projetant le son d'une manière sphérique ou au contraire sous la forme d'une raie très étroite, pouvant être très intéressants en installations.
Avec les acousmoniums, une méthode souvent utilisée consiste à utiliser plusieurs enceintes par canal, organisées de manière à former "un gros point" de projection (cluster multi ou omni-directionnel) ou un plan étalé (sol ou plafond) dont il est possible de contrôler assez précisément la largeur de la diffusion.

La puissance.
Cet aspect dépend bien sûr avant tout des dimensions du lieu de projection et du contenu artistique... Entre une projection en plein air qui s'étend sur plusieurs centaines de mètres, sans réflexions dues aux murs, et un salon équipé d'un système pentaphonique, les besoins ne sont pas les mêmes...
Que dire alors sinon des évidence ? Que les enceintes proches des auditeurs nécessitent des puissances inférieures à celles qui sont éloignées ? Que la multiplication des enceintes fait qu'elles nécessitent chacunes moins de puissance ? Qu'il est plus facile d'obtenir une excellente qualité sonore pour un
dispositif de projection adapté à des lieux de petites dimensions (100 à 200 m²) qu'à de vastes salles ou au plein air ?

 

Catégories 

En dehors des installations pérennes, des dispositifs de projection autonomes ou de salles permanentes (voir Jouer avec l'acoustique), il n'est généralement pas envisageable de réaliser une œuvre en fonction exactement des enceintes utilisées.

C'est alors à l'acousmate de déterminer quelle est la marge acceptable de la bande passante, la directivité et la puissance de chacun des canaux pour que son travail soit perçu d'une manière conforme avec ce qu'il a réalisé.
L'usage de projecteurs particuliers rend bien sûr la reproduction plus difficile...

Projecteurs large bande (capables de restituer correctement l'ensemble du spectre et de la dynamique)

On peut distinguer plusieurs "calibres" selon la taille et la puissance, et "équilibres" en fonction de leur capacité de reproduire les graves, les médiums et les aigus.
Le nombre de haut-parleurs dans l'enceinte n'est pas (plus ?) un critère pour juger la bonne production de toutes les fréquences car les techniques large bande et coaxiales permettent aujourd'hui les mêmes performances que les techniques multi-haut-parleurs.

Projecteurs de complément : tweeters, boomers

Bien que possédant des caractéristiques très variables comme la fréquence de coupure, leur effet est assez prévisible et il est facile d'en posséder dans le studio.
En dehors de certaines installations, j'évite malgré tout d'avoir recours à ce type de projecteur en tant que canal autonome.

Réseaux de petits projecteurs

En alternative aux enceintes de grande taille, adaptées aux projections distantes, les ensembles de petites enceinte associées peut constituer une excellente solution pour les points de proximité (au sol ou suspendues) qui permettent d'obtenir une zone de projection plus ou moins large, tout en ayant un rendu satisfaisant grâce à l'accumulation des haut-parleurs.

Projecteurs défectifs : enceintes de mauvaise qualité ou dédiées à des utilisation non "Hi-Fi"

Partie importante du premier Acousmonium du GRM puis délaissés par la suite, leur utilisation est devenue très à la mode depuis quelques années dans certains acousmoniums dédiés à la projection interprétée (Motus...).
Leur utilisation dans le cadre d'œuvres fixées est problématique et en général peu souhaitable. Je rappelle qu'en multiphonie (en
projection directe en tout cas) il n'est pas besoin de modifier la couleur du son fixé pour aider à la dissociation spectrale des éléments mélangés lors du mixage : si le compositeur a souhaité des couleurs particulières (ce qui est évidemment le cas) il a réalisé ses sons de cette manière. 

Projecteurs "spéciaux"

Pour les installations, le matériel de projection faisant partie intégrante de l'œuvre :
- réseaux de haut-parleurs miniatures (Robin Minard...)
- enceintes omni-directionnelles ;
- enceintes multi-haut-parleurs divisées ;
- enceintes hyper directives, paraboles (les "voiles" de Michel Stievenard)...
- diffuseurs acoustiques, plaques vibrantes munies d'un transducteur (cf les plaques de verre de l'installation d'Ores et d'espace de Denis Vinzant / Michel Stievenard)...
- haut-parleurs sub-aquatiques ;
- etc...

 

Homogénéité / diversité 

On a souvent associé la composition multiphonique à la nécessité de n'utiliser que des enceintes identiques.
C'est en soi sans aucun rapport, et la quantité d'installations existantes le démontre largement.
Malgré tout, dans le cadre des projections de type concert et séances, la reproductibilité de l'œuvre et son indépendance avec un environnement matériel précis, nécessaire avec les méthodes de programmation d'évènements actuelles, font coïncider deux exigences : assurer un rendu correct sur l'ensemble des canaux de projection (hors cas particuliers), et permettre au compositeur de façonner ses
masses spatiales et notamment les variations de sites ("mouvements, déplacements, trajectoires...") sans qu'elles soient déséquilibrées par des différences marquées entre les points de projection.

Pour les dispositifs focalisés "surround" ou à vocation "cinétique" (cercle, cube...), ou simplement lorsque les œuvres possèdent une écriture spatiale très mobile, une certaine homogénéité de couleurs, donc de marque voir de modèles, est effectivement souhaitable.
Par contre, pour des dispositions basées sur des étagements de plans comme ceux que l'on trouve souvent pour les concerts, ou pour celles qui utilisent vraiment des différences de hauteurs entre les points de projection, cette homogénéité n'est pas forcément indispensable, et une dose de diversité peut même aider à accentuer les différences de plans ou de direction de projection.

Par exemple, du aux différences de directivité entre les fréquences graves et les autres, du à la manière dont notre expérience et notre mémoire associe les graves avec le bas et les aigus avec le haut, il n'est généralement pas utile de disposer des projecteurs aux grave généreux en hauteur, et inversement, ceux qui possèdent les aigus les plus incisifs pourront être plutôt placés au plafond.
Les points de projection proches du public ne nécessitent pas non plus la même puissance, le même calibre que ceux qui sont distants, et les enceintes les plus éloignées, si elle nécessitent des niveaux d'amplifications plus importants que celles qui sont proches n'ont pas besoin du même niveau de précision. Un rendu un peu mou peu même être utile pour renforcer les différences de distances.

 

 

 

 

Les Dimensions

 

À notre échelle de perception, nous vivons dans un espace à trois dimensions, qui constitue notre fameux espace-temps à quatre dimensions popularisé par Enstein. Peut-être, en "réalité", y en a-t'il d'ailleurs onze ou plus (théorie des cordes)... toujours est-il que notre représentation du monde se réfère à la conception tri-dimensionnelle de la géométrie euclidienne.

Le son, l'acoustique et le haut-parleur

En raison des particularités de la propagation des ondes acoustiques et des caractéristiques de notre perception auditive, la réalité sonore est cependant beaucoup plus complexe.
Si besoin est, quelques rappels pour s'en convaincre :
Cas n° 1 :
Je prend une seule enceinte (large bande) que je place dans un lieu de taille importante ; je projette (assez fort !) à partir de cette enceinte un son du genre "orage sur le Puys-de-Dôme" (pourquoi pas ?) et j'écoute cela depuis un autre endroit du lieu : il y a de très fortes chances pour que je perçoive ce son projeté comme un phénomène "tri-dimensionnel", ou tout du moins un "volume". Il remplit la salle, les multiples réflexions ricochent sur les parois, la partie grave du spectre s'étale. Un point de projection unique crée une perception en trois dimensions certes vague, mais en tout cas pas du tout un point sonore.
Cas n° 2 :
Je prends cette fois les cinq enceintes d'un dispositif "surround" que je place autour de moi dans ma chambre (très petite et à l'acoustique très mate) ; je lance la lecture d'un enregistrement vocal monophonique, texte capturé de très près, dont l'intensité est répartie d'une manière égale sur les cinq canaux. Je suis placé à proximité de l'enceinte nommée "surround left", et je n'entends pratiquement qu'elle... Une
masse spatiale est étalée sur tout le dispositif de projection mais je ne perçois qu'une source ponctuelle. 

Ces deux exemples extrêmes peuvent paraître caricaturaux, mais n'ont rien de si exceptionnels. Ils rappellent simplement que si le
dispositif de projection représente la grille à partir de laquelle les sons sont projetés dans l'espace d'écoute et s'il peut arriver qu'il y ait coïncidence entre le site de l'objet sonore et l'emplacement d'un haut-parleur, il ne se confondent pas, ou alors seulement dans lors de conjonctions très particulières des critères d'objets sonores, d'acoustique et de position d'observation.

 

Les dimensions en géométrie 

Lorsque je parlerai ici de dimensions à propos des dispositifs de projection, ce sera donc toujours en référence à la disposition des enceintes dans l'espace physique et non aux différentes perceptions que peuvent en avoir les auditeurs. Car même si ces perceptions dépendent bien sûr du dispositif, elles relèvent aussi du domaine du critère de masse spatiale et de ses interactions avec les autres critères et éventuellement l'espace extrinsèque.

Heureusement, il y a très souvent corrélation entre les deux, car le choix des dispositifs, des lieux et de la position des auditeurs que fait le compositeur favorise généralement une perception efficace des masses spatiales, c'est à dire la représentation mentale de ses attributs, notamment la forme.

Si on se réferre à notre bonne vieille géométrie euclidienne, les dimensions d'un dispositif de projection seraient :

dimensions

géométrie

constitution

zéro dimension

un point

un haut-parleur, ou groupe de haut-parleurs suffisamment proches les uns des autres pour être considérés comme une seule unité et correspondant à un seul canal de projection

une dimension

une ligne

deux haut-parleurs ou plus consituant une ligne plus ou moins droite, la continuité de la ligne étant "virtuellement" consituée par les sites fantômes lorsque la masse-canal est supérieure à 2 en fonction de sa résolution

deux dimensions

une surface

trois haut-parleurs ou plus sur un même plan, non alignés sur une ligne droite, même remarque concernant la continuité que précédemment

trois dimensions

un volume

quatre haut-parleurs ou plus ...

 

 

 

 

Les dispositifs "primaires"

 

La plupart des dispositifs de projection, y compris ceux qui sont conçus pour des installations, peuvent être interprétés comme des variations autour de quelques schémas simples que l'on pourrait appeler dispositifs primaires.
Ils sont dits primaires parce qu'ils utilisent le minimum de projecteurs possible pour obtenir un nombre donné de dimensions spatiales.
De ces dispositions élémentaires, on peut extrapoler des extensions, obtenues par subdivision des lignes, surfaces ou volumes délimités par les projecteurs principaux, qui permettent d'augmenter la
résolution du dispositif, déterminant ainsi la précision spatiale de la projection, et donc celle des masses spatiales des objets sonores que le dispositif peut supporter.
Des variations peuvent étendre l'organisation des
dispositifs primaires tout en offrant des propriétés similaires, et bien sûr ces dispositifs peuvent être combinés entre eux pour former des hybrides ou des associations complexes.

Quel est l'intérêt d'une telle présentation ?
Le plus important me semble être de prendre conscience de la diversité possible des
dispositifs de projection et de quelles manières ils peuvent s'adapter à, ou suggérer des écritures spatiales particulières.
Les applications peuvent être de faciliter les
transcriptions entre formats de réalisation et formats de projection, de trouver quels sont les plus petits dénominateurs d'un dispositif complexe pour organiser les canaux par rapport à un matériel ou à un logiciel donné (cartes sons, technique multi-surround...) ou par rapport à des formes ou des organisations de masses spatiales particulières.

 

 

Les dispositifs

 

 

 

dimensions
primaires
extensions
variations
hybrides
0
point (1) (contre une surface - sol, mur, plafond - suspendu, sur pied etc.) agrégat directionnel ou omnidirectionnel , 2 et plus en groupe serré

 

 

1
ligne (2) ligne 3 et plus... chemins-lignes (non rectilignes) , colonne (vertical), arcs de cercles... intermédiaires avec la surface. hélice (chemin-ligne volume), série de lignes-surfaces (lignes parallèles, concentriques...), le cercle peut aussi être considéré comme une ligne bouclée.
2
surface 3
la surface 4 peut être également considérée comme primaire puisque c'est la première (en nombre de canaux) à définir complètement les axes X et Y (verticale (écran) ou horizontale (sol, plafond))
cercle-surface 5 ("surround", et 6, 7 etc... ) ; surface 9 par subdivision d'ordre un (une enceinte est insérée entre chaque interval) et plus donnent des "réseaux 2D" (disque...) ; le dôme peut être considéré comme une surface bombée surfaces irrégulières,
chemins-surfaces
(lignes plus ou moins bouclées)...
série d'arches, surfaces parallèles (sol et plafond par exemple) etc...
la disposition en plans souvent utilisée en concert par les acousmoniums "classiques" (GRM, Motus...).
3
pyramide (4) , cube (8) : comme pour les surfaces, si la pyramide permet d'accéder à la troisième dimension le cube permet de définir entièrement le volume. dôme par subdivision de la pyramide ;
la subdivision du cube d'ordre 1 donne le cube 27 où chacune des faces correspond à une surface 9 plus le centre ; la subdivision du volume d'ordre 2 donne le cube 16, petit cube inclut dans le grand ; le dispositif
"surround standard" 17.1 peut être considéré comme une extension irrégulière du cube.
combinaisons du cube 27 et du cube 16 ; sphère par déformation du cube ou dédoublement du dôme, sphères concentriques (subdivisions)...

 

 

Explications

Avec une à quatre enceintes on forme les dispositifs primaires correspondant au point, à la ligne, à la surface et au volume.

Mais attention : il ne s'agit ici que de la forme géométrique représentée lorsque l'on relie les points de projection par des lignes virtuelles. La "réalité" sonore perceptive des ces dimensions dépend entièrement des masses spatiales des objets qui peuvent s'inscrire à l'intérieur de ce maillage, des autres critères sonores ainsi que de la nature des variations de ces critères : le dispositif de projection constitue un support qui détermine un certain éventail de possibles spatiaux.

Par exemple, les deux enceintes du dispositif primaire "ligne 2" peuvent supporter des objets de masse-canal 1 dont le site coïncide alors avec l'une OU l'autre enceinte (espace cloisonné bi-piste). Dans ce cas, l'alignement des deux enceintes ne correspond à aucune "ligne" sonore mais à deux points, plus ou moins indépendants selon l'écart angulaire ou la distance qui les sépare (en fonction de la place occupée par l'auditeur) et leur orientation. De même, une surface consituée uniquement de sa périphérie, sans points de projections à l'intérieur ("cercle 8" par exemple) peut sonner plutôt comme une ligne bouclée.
S'il y a des objets de
masse-canal 2 (aire = 2) la ligne virtuelle qui les relie peut se "matérialiser" en fonction de la densité et de l'organisation de la masse spatiale, et toujours de la position relative entre les deux enceintes. Le cas particulier que représente l'écart et de l'orientation des enceintes dans le standard stéréophonique à deux canaux permet aux compositeurs et aux ingénieurs du son d'organiser les masses spatiales de leurs objets sur cette ligne virtuelle.
L'extension de cette ligne par ajout de canaux supplémentaire (par exemple un troisième point situé au centre dans le format cinéma LCR, ou pour la partie frontale du "surround" actuel) lui donne plus de consistance en augmentant la
résolution possible des masses spatiales, mais ne change pas sa nature si les points de projection restent compatibles avec ce type d'alignement.

 

 

 

 

Tentative de classification

 

Essayer de classer quelque chose oblige tout d'abord à définir des catégories, et donc à rechercher des ressemblances, des constantes, à faire ressortir d'une apparente diversité des "règles" sous jacentes.
Bien sûr, ces catégories dépendent de l'intention de celui qui les définit et du but qu'il poursuit...

En ce qui concerne les manière de concevoir les positions d'un ensemble de haut-parleurs par rapport à des personnes qui écoutent ce qu'ils projètent, une telle tentative possède au moins le mérite d'amener à réfléchir sur les organisations spatiales possibles des dispositifs, et du coup, peut-être, à envisager des solutions originales et à prendre en compte certains aspects souvent laissés de côté et dont l'intégration dans les préoccupations compositionnelles ouvrent pourtant un champ d'exploration particulièrement excitant !

 

Principe

Un dispositif de projection peut être caractérisé par les aspects suivants :
- canaux : le nombre de canaux de projection indépendants (correspondant au nombre de canaux du support en
projection directe), qui, en multiphonbie, est en principe égal au nombre d'enceintes. Celles-ci peuvent néanmoins être plus nombreuses si certains canaux sont associés à des groupes d'enceintes (clusters) généralement pour des questions de directivité ou de puissance. Ceci ne change pas la nature du dispositif.
- dimensions : 0, 1, 2 ou 3 (voir les
dispositifs primaires) ;
- plans : le nombre de niveaux de distance par rapport à l'auditeur ou à un point de référence, dans une direction donnée. Ils sont comparables à des pelures d'oignons plus ou moins complètes. L'existence de plans permet de jouer sur la
distance projetée.
- directions : les directions de projection des enceintes. Elles peuvent être parallèles (toutes les enceintes sont orientées dans la même direction), convergentes (toutes les enceintes sont focalisées vers un point unique), divergentes (le contraire), ou quelconques. Le paramètre de direction n'a de sens que si les enceintes sont directives. Dans le cas d'enceintes omnidirectionnelles ou bi-directionnelles (cas les plus fréquents) il convient bien sûr de le préciser. Les orientations d'enceintes ayant un rôle avant tout d'effet acoustique (réflexions sur les murs...) relèvent de "cas particuliers" non pris en compte dans cette description...
- symétrie : l'existence ou non d'un ou plusieurs axes de symétrie (radiale, axiale, sans sysmétrie) ;
- environnement : la place de l'auditeur par rapport à l'ensemble du dispositif. Il peut se situer à l'intérieur de l'espace délimité par les enceintes ("surround", disposition d'acousmonium classique...), à l'extérieur ("sculptures sonores", il peut en faire le tour par exemple), partiellement ou totalement.
- orientation : comment le public est orienté par rapport à l'ensemble du
dispositif de projection s'il occupe une place fixe. Dans le cas d'installations où le public se déplace, le dispositif sera dit non orienté. Dans les autres cas, si l'auditeur est assis ou contraint d'adopter une position particulière, l'orientation peut être unique (tout le monde est bien aligné...), radiale ou multiple.
-
taille : la surface ou le volume en mètres occupés par le dispositif, sous la forme de valeurs fixes ou de limites inférieures / supérieures, ou par catégorie (petit, moyen, grand, très grand ?).

Note à propos de la symétrie :
En projection directe multiphonique, ou à plus forte raison en projection simulée, il est important de ne pas confondre l'implantation des haut-parleurs et la nature des masses spatiales projetées. Même si le dispositif détermine en grande partie les masses spatiales possibles, il ne se confond pas avec elles, il les supporte.
Par rapport à la projection interprétée de supports "pocophoniques", la notion de conservation de la "symétrie stéréophonique" ou, si on le souhaite, de sa dissymétrisation n'a plus lieu d'être, car chaque objet peut posséder une
masse spatiale qui lui est propre, librement combinée et superposée aux autres, et s'inscrivant dans le maillage du dispositif ainsi que le compositeur l'a souhaité, chacune étant aussi "dyssimétrique" qu'il le souhaite.
Lorsque le lieu ou un propos compositionnel ne l'impose pas, une disposition non symétrique veut simplement dire que l'on s'interdit certaines possibilités spatiales...
Ceci veut dire que le choix d'implantations non symétriques que l'on peut trouver dans l'implantation de certains acousmoniums pour des raisons de stratégie d'interprétation ou surtout d'esthétique visuelle ne possède que très peu d'intérêt en projection multiphonique, hormis bien sûr dans le cas des installations ou de lieux à l'architecture particulière (autre que parallélépipédique...) lorsque celui ci est pris en compte dès la composition.

 

 

Les catégories 

Note : si un certain nombre de dispositions correspond précisément à une de ces catégories, de très nombreux cas, comme les dispositions d'acousmoniums en concerts ou des installations, se situent évidemment dans des situations intermédiaires et combinent des caractéristiques de plusieurs d'entre elles.

Dispositifs équidistants focalisés 

- canaux : 2 et plus
- dimensions : 1 et plus
- plans : 1
- directions : convergentes
- symétrie : (radiale)
- environnement : normalement intérieur partiel ou total
- orientation : unique ou radiale
- taille : ?

   Dans ces dispositifs la distance entre chaque projecteur et l'auditeur idéal est constante.
Il en résulte qu'une zone unique correspond au point où l'équilibre spatial est optimum. Selon la
résolution du dispositif, le nombre de ses dimensions, sa taille, les techniques utilisées pour la création/contrôle des espaces des sons projetés (HRTF, Ambisonic...) et la nature de l'écriture spatiale (plus enveloppante ou plus cinétique), la zone d'écoute acceptable peut être plus ou moins large, mais de toute manière la perception spatiale devient de plus en déséquilibrée à mesure qu'on s'en éloigne.
  La plupart des dispositions d'écoute sont à orientation unique, ce qui correspond à l'écoute assise traditionnelle en concert ou à la maison.

   Applications : quadri, formats "surround", cercle octo classique, cube 8, sphère à la Stockhausen... La stéréo traditionnelle représente un cas particulier où l'environnement est "extérieur partiel".

 

Dispositifs équidistants directifs
 

- canaux : 2 et plus
- dimensions : 1 et plus
- plans : 1
- directions : parallèles
- symétrie : ?
- environnement : extérieur partiel
- orientation : unique
- taille : ? 

Tous les projecteurs sont situés sur un même plan et dirigés dans la même direction. La zone d'écoute idéale est représentée par une ligne ou plutôt une bande plus ou moins longue et large à l'intérieur de laquelle les points d'écoute peuvent être différents mais restent convenables.

Applications : "mur" de haut-parleurs, ligne octo des ateliers DeltaP...

 

Dispositifs non équidistants 

- canaux : 3 et plus
- dimensions : 2 ou 3
- plans : 2 et plus
- directions : parallèles (éventuellement par groupes) ou convergentes
- symétrie : ?
- environnement : extérieur partiel ou intérieur
- orientation : ?
- taille : ? 

Cette disposition permet une profondeur de champ permise par les différents plans de distance de projection. Elle nécessite un dispositif à au moins deux dimensions pour fonctionner correctement. Ces dispositifs peuvent être ou non focalisés.
La taille de la zone d'écoute convenable et sa position dépendent essentiellement de la valeur de l'
environnement, pouvant aller d'un point unique lorsque la direction de projection est radiale (convergente) à une bande plus ou moins large lorsqu'elle est multiple ou unique.

Applications : acousmoniums "scéniques"...

 

Dispositifs groupés 

- canaux : 3 et plus
- dimensions : 2 ou 3
- plans : 2 et plus
- directions : quelconques, divergentes
- symétrie : ?
- environnement : extérieur partiel ou total
- orientation : multiple
- taille : ?  

Les enceintes sont rassemblées pour former un ou plusieurs groupes où les projections sont généralement dirigées vers l'extérieur du groupe. La zone d'écoute n'est pas circonscite à une zone spécifique et l'auditeur peut prendre des positions et des orientations variables.

Applications : installations...

 

Exemples

 

Dispositif 5.1 classique de type "Home Theater" :
- canaux : 5 + 1
- dimensions : 2
- plans : 1
- directions : radiale
- symétrie : axe central
- environnement : intérieur
- orientation : unique
- taille : petit...

Le dispositif de projection de l'IMEB (Bourges), la très grande majorité des projecteurs sonores est placée sur une scène devant l'auditoire, sous forme de groupes devant posséder des caractéristiques acoustiques différentes :
- canaux : ± 30 ??
- dimensions : 2,5
- plans : 3
- directions : unique
- symétrie : axe central
- environnement : extérieur
- orientation : unique
- taille : grand...

L'Audium de Stan Shaff à San Francisco, conçu comme une hémisphère où les haut-parleurs sont peu visibles, le public est placé d'une manière concentrique :
- canaux : ? (160 haut-parleurs)
- dimensions : 3
- plans : 1
- directions : radiale
- symétrie : radiale
- environnement : intérieur
- orientation : radiale
- taille : moyen...

 

 

 

 

 

 

Des formats (plus ou moins) standards

 

Les formats domestiques, ceux de l'industrie cinématographique, et ceux, hypothétiques, de leurs évolutions futures tels que ceux qui sont rassemblés dans la définition du Format-Wave-Extensible pourraient servir de base à la recherche d'un dispositif standard et modulaire pour certaines projections publiques, notamment celles de type séances, dans des salles spécialisées ou non.
Composer les œuvres selon des arrangements de canaux compatibles constituerait alors certainement un atout pour le développement des œuvres acousmatiques entièrement composées, qui permettrait à un organisateur de manifestations publiques d'intégrer facilement des œuvres conçues dans les formats "surround" existants (5.1, 6.1, Imax) ou émergeants (7.1, SDDS, 10.2 ?, les 13.1 du Dolby TrueHD, les 16 du cinéma numérique, le 22.2 du UHDV...), tout en offrant un cadre un peu stable pour la réalisation et pour la diffusion d'œuvres spatialement plus développées (16 canaux et plus).
Le projet de
"studitorium" de Roland Cahen, quoique obéissant à des préoccupations un peu différentes (l'intégration des musiques instrumentales) ou d'autres correspond à une préoccupation similaire.
Si ce genre de propos pouvait être passablement utopique et réducteur il y a encore une dizaine d'années, le développement du son multicanal dans l'industrie cinématographique et dans les logiciels audio procure maintenant une base technique standard sur laquelle peuvent s'appuyer les compositeurs qui souhaitent créer pour ce type d'écoute publique.

 

Attention : tous les dispositifs ci-dessous supposent toujours les auditeurs regroupés au centre et orientés vers l'avant (le haut des schémas), les enceintes étant dirigées dans leur direction.

 

stéréophonie ou, devrait-on dire plutôt diphonie ou duophonie
Sans commentaire...

 

quadri ou tétra
Après la tentative loupée du microssillon dans les années 70 et son emploi dans certaines musiques électroacoutiques (principalement liées à l'informatique naissante), le carré de haut-parleurs n'est pas très intéressant acoustiquement (c'est un euphémisme...) et est particulièrement limité spatialement...

 

5(.1)
Depuis 1990 : la pentaphonie !
Qu'on aime ou pas, c'est une réalité, imposée par l'industrié cinématographique et celle du DVD, on aurait donc bien tort de s'en priver...

 

6(.1)
L'ajout d'un canal central à l'arrière dans le Dolby EX ou le DTS ES améliore évidemment la précision du plan arrière (ou latéral large selon la conception) ce qui n'est pas totalement superflu, mais finalement accentue encore plus la séparation avant / arrière.

 

IMAX
L'enceinte centrale au plafond apporte enfin la troisième dimension ! Beaucoup plus intéressant que le 6.1 ordinaire précédent, mais beaucoup plus difficile à faire accepter dans les chaumières...

 

7(.1) home-cinema (HD DVD)
Avec l'ajout de deux enceintes latérales, les images fantômes sur les côtés deviennent un peu plus consistantes. Une amélioration nette du surround habituel, mais qui prendra du temps avant de pouvoir compter dessus pour la diffusion domestique, à moins que les supports vidéo haute-définition finissent par s'imposer ?
Rendez-vous dans dix ans ?

 

SDDS
C'est la disposition à sept canaux proposée par Sony et son format SDDS : un panorama frontal sur-défini... au détriment du reste. C'est en principe justifié par le format très large de l'écran en 70mm, mais comme c'est fait pour améliorer la précision du positionnement des dialogues qui sont ainsi censé mieux suivre les positions des personnages, je suis pour ma part très dubitatif quant à son intérêt cinématographique, mais ceci est une autre question...
 

 

cercle 8
C'est un peu la tarte à la crème des dispositifs multiphoniques depuis que les magnétophones et les cartes sons disposent de huit sorties... C'est aussi un avatar du carré, hyper-symétrique et focalisé, pas totalement inintéressant en soi mais ne justifiant certainement pas son succès par son intérêt sonore ou ses possibilités compositionnelles...

 

cube 8
Pas facile à faire sonner mais nettement plus intéressant que le cercle (Stockhausen l'avait choisi pour l'œuvre Oktophonie), devoir accrocher des enceintes au plafond (et disposer d'un plafond suffisament haut) représente souvent hélas une sinécure...

 

écran 8 canaux
Un exemple d'octophonie en écran frontal, non utilisé à ma connaissance, mais qui me semble tout aussi intéressant que le cercle "classique" ?
Ah ben non, on ne "baigne" pas dans le son...

 

 

Auro-3D 9.1

 

 

cube 12 (cube 8 avec centres)
Ce dispositif améliore le cube 8 en augmentant la résolution du niveau principal (à défaut du Cube 16 qui aurait quatre points supplémentaires sur le plan en hauteur). Compte tenu que plusieurs logiciels multipistes gèrent jusqu'à 12 canaux, peut-être qu'un jour les compositeurs troqueront leur vieille interface 8 canaux contre une disposant de plus de sorties ?

 

10(.2) Nuendo
Deux dispositifs 5.0 superposés : pourquoi pas... Mais les "trous" latéraux sont toujours aussi regrettables.
Quant aux deux canaux consacrés aux effets infra graves... le gâchis continue.
Heureusement, personne n'utilise cette disposition, hein ?

 

10(.2) "officiel"...
Il existe une salle de cinéma ainsi équipée aux USA : il s'agit d'un dispositif du type 7.1 home-cinema complété par une enceinte centrale arrière (donc un cercle de huit canaux...) enrichi de deux points de projection frontaux situés en hauteur, au-dessus de la stéréo frontale classique. Ce n'est pas idiot, mais il est dommage qu'un canal soit perdu pour le .2 alors qu'il aurait put être placé comme point central en hauteur pour faire un 11.1 (si on tient absolument à sacrifier un canal pour le sub...).
 

 

 

Auro-3D 11.1

 

 

 

Auro-3D 13.1
C'est le format maximum prévu pour l'encodage Dolby TrueHD (sans perte) pouvant se placer sur les disques BluRay et HD-DVD. Je n'ai pas réussi à trouver les informations concernant la disposition officielle, mais elle devrait être logiquement celle qui représentée sur le schéma ci-contre.
On pourra avantageusement remplacer le canal de grave pour obtenir un point de projection central au plafond (ici en vert).

 

 

Kontakt 16 canaux 2D

 

 

17.1
Format jusqu'à présent théorique, bien qu'il soit proposé par plusieurs logiciels, et qui ne manque pas d'intérêt pour les salles ne disposant pas d'une longueur suffisante pour placer des enceintes en plan de distance frontal (voir 22.2). La sous résolution latérale le rend plus adapté aux dispositions larges.
Le plan frontal possède une résolution supérieure aux autres directions, ce qui est cohérent avec la perception auditive, et l'ensemble est assez équilibré, y compris en hauteur où la résolution est juste un peu moindre (quatre points en moins). Comme il n'y a pas de problème d'encodage, le "canal de grave" peut être évidemment remplacé par un canal pleine bande, que je place pour ma part au sol en symétrie de l'enceinte centrale en hauteur (ou encore sous la forme d'un arc de cercle d'enceintes groupées, plus pratique pour placer le public...).
 

 

22.2
Un autre hypothétique futur format est celui qui est associé au UHDV (Ultra High Definition Video) japonais. Le niveau en hauteur correspond à celui du 17.1 augmenté de deux enceintes latérales (logique et très utile), le niveau principal (à hauteur d'oreille) reste inchangé, et un 3ème niveau de trois enceintes au sol est ajouté à l'avant.
Ce dispositif de projection sonore n'est certainement pas prêt d'apparaître dans les salles de cinéma, mais il représente à mon avis une bonne approximation de ce que l'on pourrait trouver par contre dès aujourd'hui dans les salles d'acousma...
J'ai indiqué en vert les cinq enceintes supplémentaires par rapport au 17.1, et en jaune la transformation du second canal de grave en second point central en hauteur.
En effet, contrairement au 22.2 de la NHK qui est destiné au cinéma avec une hauteur d'écran importante, les trois "nouveaux" canaux frontaux sont ici placés à distance de manière à obtenir un plan frontal éloigné, beaucoup plus intéressant pour l'acousma, et conforme à ce que l'on trouve dans les dispositions classiques de concert (et qui manque tellement dans la conception "surround"), et bien sûr, les deux inutiles canaux de subs sont reconvertis en points de projection utiles...  
 

 

 

Pyramix La Totale

 

 

 

 


 

 

 

La nomenclature et le channel mapping